What the hell am I doing here ? (PV)

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Une lune boursouflée se hissait péniblement au-dessus des têtes. Enorme. Jaunâtre. Malsaine. Quelques étoiles pâlottes tentaient vainement d'éclairer les cieux d'une lueur presque maladive. Des satellites envoyés il y a des années devaient continuer à tourner autour de la planète, mais sans personne pour les commander. La face du monde avait terriblement changé après la dure épidémie qui avait frappé l'humanité.

Au camp des renégats, Sven était assis en tailleur, enroulé dans une couverture sombre, devant sa tente. Elle n'était pas éloignée du campement. Il détestait être seul. Et ce, depuis pas mal de temps. Il se souvenait de son périple à travers une Europe déserte et ravagée. Des corps que l'on avait pu incinérer pourrissaient alors dans les rues vides. Il avait dû cambrioler pas mal d'hôpitaux à la recherche de morphine et d'autres drogues. Il avait dû déplacer quantité de cadavres pour dénicher ce qu'il cherchait. Au fur et à mesure de ces recherches, il avait commencé à considérer ces enveloppes de chair pourrissantes comme de vieux meubles que l'on déplaçait presque négligemment. Durant ces années d'errance, seule une chienne l'avait accompagnée. Il l'avait perdue peu avant de tomber sur les renégats. Ce que représentait cette faction pour Sven? Une nouvelle famille. Et quelle étrange famille...

Sven tira de sous sa couverture une trousse noire. Pas plus grande que l'avant-bras, elle contenait ce qui lui permettait de vivre. Son paradis artificiel. Et comme tous les soirs lorsque le calme retombait sur le campement, il avait besoin de se garnir les narines de cette neige qui faisait tout oublier l'espace d'un moment. Il sortit un sachet transparent rempli d'une poudre blanche. L'ouvrant, il en déposa un petit tas sur la voilure de peau reliant son pouce et son index. Sven courba la nuque et aspira bruyamment. Depuis le temps, il ne saignait plus du nez à chacun de ses fix. L'effet ne se fit pas attendre. Une drôle d'euphorie envahit son âme torturée tandis qu'un frisson de plaisir secouait ses épaules. Un léger sourire apparut sur son visage, mais ses yeux brillants aux pupilles soudain dilatées ne trompaient personne. Ils étaient emplis de mélancolie. Le norvégien resserra autour de lui la couverture, ressemblant pendant quelques instants à un drôle de shaman amérindien. Il leva la tête vers les étoiles, espérant un signe de cette divinité qui l'avait épargné dans un but encore nébuleux, et poussa un long soupir de contentement.

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Quelqu’un manqué à l’appel dans le camps Renégat, rien de très étonnant, encore moins quand il s’agissait de Lu Ann, personne ne s’attardait sur ses absences souvent prolongées, elle n’était pas vraiment bavarde, ni agréable avec les autres, parfois même peu respectueuse et comment expliquer.. Lu était une fille bizarre…
Mais dans l’obscurité de la nuit, la fine silhouette de la jeune femme venait de se dessinait, Lu s’avançait vers le camps d’un pas traînant… Le tintement métallique de ses armes était le seul son que dégageait la jeune femme, la respiration sifflante, elle était pour une fois soulagée d’arriver au camp . Lu chercha sa tente du regard, la brunette était revenu au camp pour une seule raison, trouver ses cachets, non elle n’était pas vraiment droguée, juste dépendante ^^ de ses petits bouts de magies qui empêchaient son corps de flancher, une nécessité dans cet endroit.
Lu Ann ne tarda à arriver à sa tente, elle commença à fouiller dans ses affaires avec frénésie, à la recherche de sa boîte, son cœur s’emballait comme si sa vie dépendait de sa trouvaille. Puis victorieuse, Lu sentie sous ses doigts 2 cachets, elle les goba sans plus de manière avant de s’étaler dans le sable alors que ses affaires étaient étalées devant sa tente. La brunette n’avait pas remarqué la présence de Sven ou du moins elle n’en avait pas tenu compte, Lu n’était pas vraiment du genre à tailler la bavette avec n’importe qui..
Au bout de quelques minutes, la jeune femme se redressa pour attraper une poche plastique dans ses affaires, elle déballa une bouteille d’eau claire et un bandage et commença à s’occuper du plaie béante qui ornait son bras. Lu leva les yeux vers Sven comme si elle venait de remarquer sa présence mais ne prononça pas le moindre mot.

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La divinité était d'une drôle d'humeur ce soir. Elle ne lui avait pas envoyé cet ange intouchable habituel qui était Vanille mais Lu, que Sven prononçait "Loup". Il plissa un instant les paupières, posant son regard un peu halluciné sur la jeune femme. Elle aussi cherchait une rédemption, un réconfort, un espoir dans les paradis artificiels. Sven l'avait vu à de nombreuses reprises gober des cachets. Même s'il avait parfois été en manque, il n'avait jamais été subtilisé les tickets aller-retour chimiques de sa voisine. Il la regardait simplement. Elle resta quelques instants étendue sur le sol. Le norvégien ne s'en inquiéta pas plus que cela. Il n'avait pas vu l'âme de Lu s'envoler vers les étoiles blafardes. Elle devait être encore en vie.

Enfin, elle se redressa et lui jetta un rapide coup d'oeil. Sven sortit gauchement de sous sa couverture une main pour la saluer mais elle sembla se concentrer presqu'aussitôt sur son bras. A la lumière de la lune jaune, des quelques torches électriques ou non qui éclairaient le campement, il reconnut la couleur grenat du sang. Sven sentit instantanément son estomac faire un looping désagréable. Il serra les lèvres. Non...il n'allait pas vomir. Il avait besoin de compagnie. Là. Maintenant. De suite. La simple vue, même fugace, du sang le renvoyait des années en arrière. A l'époque où il était enfant. Le sang de sa mère sur le linoléum crasseux de la cuisine. Le sang de son père maculant ses poings à force d'avoir trop frappé. Son propre sang qui se mêlait à des larmes acides d'incompréhension et de terreur. Il secoua la tête, chassant ces vilains fantômes qui restaient accrochés à lui.
Avec lenteur, il se leva et se dirigea vers la tente de Lu. Evitant soigneusement de regarder la plaie, il lui adressa un demi-sourire et indiqua du menton la place à côté d'elle.

"Bonsoir "Loup". Je peux m'asseoir à tes côtés? S'il te plaît?"

Il resta debout, face à elle, attendant comme un enfant qu'elle lui donne la permission. Une petite moue triste aux lèvres, il ajouta d'une voix basse et cassée.

"J'ai pas envie d'être tout seul."

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Sven avait la réputation d’être cocaïné jusqu’à l’os mais Lu n’avait cure de ce genre de rumeur même si celle-ci était fondé..Elle ne lui avait adressé la parole que rarement, par besoin ou par obligation, Lu n’avait pas d’amis et se complaisait à croire qu’elle n’en avait pas besoin. La question de Sven l’intrigua, il semblait sincère, gentil même qualité qui n’existait pas habituellement chez un Renégat. Les sourcils légèrement froncés, Lu Ann se contenta d’hocher la tête de manière positive, sa présence ne la dérangeait pas de toute manière. La jeune femme versa brusquement l’eau sur sa blessure, le sable s’écoula le long de son poignet, mêlé à son sang, ce genre n’avait jamais dérangé Lu qui restait stoïque . Elle commença à tripoter la plaie sans plus de douceur visiblement à la recherche de quelque chose mais sa technique était plutôt déplorable, le sang continuait de couler sans que Lu parvienne à trouver ce qu’elle cherchait. Une légère grimace de douleur vint crisper ses lèvres pendant un bref instant, la mimique fut furtive mais bien présente.

« Putain »

Grogna la Renégat.. La main de Lu glissa vers sa hanche, elle dégaine un de ses poignards et recommença son opération à vif, la lame labourait son avant bras..Non Lu Ann n’était pas une adepte de l’auto-mutilation, le minuscule bout de métal qui s’échappa de la plaie après cette scéance de torture en était la preuve. Lu posa son arme près d’elle avant de tourner son regard vers Sven qui semblait écoeuré par sa manière de se soigner.

« Je suis pas douée par jouer à l’infirmière »

Ajouta la jeune femme comme pour se justifier du mauvais traitement qu'elle venait de s'infliger.

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Lu Ann hocha affirmativement la tête. Il n'en fallait pas plus à un Sven défoncé pour se sentir bien. Il enjamba les affaires éparses de la jeune femme et se laissa tomber à ses côtés, s'asseyant assez près d'elle, mais évitant toujours soigneusement de voir ce qu'elle faisait. Finalement, il aurait mieux fait de plonger le regard directement dans la plaie. Les petits bruits écoeurants, succions, sons mouillés de chair trifouillée, lui amenèrent rapidement le coeur aux bords des lèvres. Il fronça les sourcils et ferma les yeux, serrant les paupières aussi fort qu'il le pouvait.
Se contrôler...se contrôler...se contrôler...
Même avec toute la bonne volonté du monde, il aurait été incapable de l'aider de quelque manière que ce fut. D'une petite voix blanche, il s'adressa à elle.

"Hummm...si je puis me permettre tu devrais verser de l'alc..."

Mais le juron lâché entre des dents serrés étouffa la fin de son dernier mot dans sa gorge. Instinctivement, ses mains cherchèrent, sous les couvertures, sa trousse qu'il gardait toujours à sa ceinture. Légèrement tremblant, il déposa de nouveau un petit tas blanc sur sa main et aspira le tout, se bouchant une narine.
Un léger bruit de métal se fit entendr. Celui d'une lame que l'on tirait de son fourreau. Sven ne voulait pas imaginer une seconde ce que Lu faisait. Il nicha son visage dans un pan de sa couverture et attendit que la jeune femme ai fini. Enfin, elle lâcha l'objet de torture et lâcha une petite phrase qui aurait pu être comique en d'autres circonstances...ou du moins avec une autre personne.
Sven sortit la tête de sa couverture et afficha une petite expression dégoutée. Il avait beaucoup pâli depuis qu'il s'était installé.

"Tu m'étonnes...si ce n'est pas indiscret, qu'est-ce-que tu as fait pour en être arrivée là?"

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Lu commença à bander son avant bras, la question de Sven manqua de la faire sourire, il était vraiment de plus en plus.. Etre sensible à la vision du sang n’était pas une chance chez les Renégats mais être aussi insensible que Lu Ann non plus.

« C’est le résultat d’une mauvaise rencontre.. Presque une semaine mais je cicatrise plutôt mal .. »

Et oui voilà le résultat quand on se frotte de trop près au membre de la relève, de plus les cachets de la jeune femme l’obligeait à de nombreux aller retour en ville.
Lu termina son bandage avant de se laisser tomber de nouveau sur le sable près de Sven, le regard fixé vers le ciel étoilé, laissa échapper un léger soupire. La présence de l’autre Renégat ne la dérangeait pas, de toute façon Sven était défoncé et Lu n’était pas net non plus.

« J’espère que je ne t’ai pas trop écoeuré »

Finit par lâcher Lu sans que ses yeux ne quittent le ciel. Puis enfonça ses doigts crispés dans le sable glacé pour réprimer un spasme, d’année en année elle devenait de plus en plus résistance à ses cachets mais doubler les doses était du pur suicide même pour Lu.. La Renégat aussi raide qu’une lame de métal ne lâchait pas le ciel du regard, il fallait qu’elle calme les divagations de son esprit pour se contrôler.. Elle finit par fermer les yeux, les sourcils froncés, Lu écoutait le souffle de Sven.

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Une mauvaise rencontre? Ca devait être certainement ces traqueurs. Ces gens qui protégeaient jalousement Eden des renégats. Pourquoi agissaient-ils comme cela? Marshall lui avait expliqué que la faction à laquelle Sven appartenait promulguait la liberté. Ils ne voulaient plus être sous la coupe d'une quelconque autorité. L'humanité prenait un nouveau départ. A nouveau départ, nouvelle donne. Le norvégien avait parfois des difficultés à comprendre pourquoi les humains, alors que leur nombre avait été tant diminué, s'échinaient à s'entre-tuer. Certes les avis divergeaient, mais n'étaient-ils pas tous les mêmes?
C'étaient des pensées totalement utopistes que seuls peuvent avoir quelques rares rêveurs durant leurs moments éphémères d'égarement. Sven ne dérogeait pas à la règle. Il baissa un instant la tête et poussa un léger soupir. La vie était quelque fois si complexe que l'on ne souhaitait qu'une seule chose...se laisser lentement engluer dans une mélancolie qui s'achèvera par l'abandon total de la vie.
Il avait glané quelques médicaments et désinfectants au cours de ses pérégrinations en Europe. Il les gardait dans sa tente, enfoui dans le sable sous sa couche. Il se promit d'en faire don à ceux qui allaient risquer leur vie à Eden.

La suite des paroles de Lu fut beaucoup moins lourde de sens pour le jeune homme. Beaucoup plus légère. La jeune femme réorienta habilement la discussion sur autre chose que la souffrance physique que Sven avait de plus en plus de mal à supporter. Cette divinité qu'il adorait au plus profond de la nuit et dans le plus grand secret n'avait pas prévu que les hommes s'auto-détruisent une fois de plus. C'est certainement ce Dieu qui permettait au norvégien de garder une part de son âme intacte. Cette portion qui fait que l'être humain est ce qu'il est...un animal faible, sans défense, atteint d'une étrange maladie des états d'âme.
Il tourna son visage dans la direction de Lu, observant le profil un peu typé de la jeune femme, ses yeux en amande levés vers le ciel, son nez fin, ses lèvres pleines.

"Ecoeuré? Tu as bien failli me faire rendre le peu que je puisse avaler. Mais Loup..."

Il s'éclaircit un instant la gorge, toussota légèrement. Il posa sa main sur l'épaule de sa voisine, la forçant par ce simple contact à reporter son attention sur lui. Sven fronça légèrement les sourcils.

"Nous ne sommes guère nombreux. Ne risques pas ta vie. Nous ne nous connaissons que peu, mais tu fais partie intégrante de cette nouvelle famille que j'ai choisi et qui m'a choisi. Je ne veux plus perdre un des miens."

Fallait-il qu'il soit complètement défoncé pour lâcher une telle information. Sven parlait rarement de son passé. Et à vrai dire, il n'en avait que rarement envie. Pour beaucoup de renégats, Sven n'était qu'un toxico sans grande valeur. Trop faible pour se battre, il n'était bon qu'à dispenser de drôles de conseils fort avisés de sa voix lente, basse et cassée, avec cette damnée habitude de parler un anglais si soutenu. Beaucoup se demandait à quoi Marshall pensait lorsque ce dernier a décidé de prendre sous son aile cette nouvelle "marionnette".

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Lu Ann ouvrit les yeux dès que Sven commença à parler, une lueur d’amusement traverça son regard, imperceptible dans la nuit mais tellement rare chez la jeune femme. Toujours allongée près de son compagnon du soir elle réprima un mouvement de recul quand il posa sa main sur son épaule, Lu se redressa un peu brusquement mais ne montra pas d’autres signes de fuite.
Le discours de Sven étonna la jeune femme, elle avait presque oublié qu’il n’était pas dans son état normal, Lu était surprise presque gêné qu’il tienne ce genre de propos..
Aucun son ne semblait vouloir sortir de la bouche crispée de la brunette, qui restait figée en silence, pour une fois Lu Ann Yang ne savait pas quoi répondre…

« Tu es gentil Sven mais tu me connais pas, tu ne devrais pas m’inclure dans cette famille »

Lu ne se considérais pas comme une Renégat, elle refusait de tisser des liens avec le reste de l’humanité parce qu’elle n’en était plus capable.. La brunette était libre, du moins elle aimait le croire, elle en avait besoin pour vivre.
Mais les paroles de Sven étaient touchantes, il semblait croire dans sa nouvelle famille un peu particulière et Lu n’eut pas de mal à deviner que sa famille de sang devait ne plus être de ce monde depuis longtemps…

« Désolé de te décevoir »

Murmura Lu dans un souffle alors qu’elle soutenait le regard du norvégien pendant quelques secondes avant de dévier vers l’horizon. La jeune femme hocha la tête doucement, elle n’aimait pas les gens gentils parce qu’elle ne savait pas les repousser.

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Un silence gêné suivit l'aveu à demi-mots de Sven. D'ordinaire, il aimait le calme et le silence. Mais celui-ci était oppressant. Il avait l'impression qu'une main froide aux doigts griffue lui serrait inexorablement la poitrine. Il la fixa, plongeant son regard bleu pâle dans les yeux en amande de la jeune femme. Qu'espérait-il vraiment alors? Une preuve d'attachement? Un indice sur la raison de son existence? Désirait-il voir une forme d'intérêt vague dans les prunelles de Lu? Un peu tout cela et rien à la fois.
Même si Sven se montrait parfois naïf, presque simplet, il n'était pas épargné par des éclairs de lucidité. A 27 ans, il n'espérait plus grand'chose de la vie. Il avait déjà pas mal bourlingué. Son corps usé, sa santé vacillante et sa sagesse qui devenait quelque fois de l'objectivité pure témoignaient à sa place pour son lurd et douloureux passé.
Les mots de Lu le blessèrent, mais il ne le montra pa. Sven se contenta d'avoir un triste sourire aux lèvres. Lentement il secoua la tête.

"Tu te trompes, Lou. Je n'ai pas besoin de connaître les gens pour tenir à eux. Tu ne me déçois pas...loin de là. Le simple fait que tu t'en désole auprès de moi et bien prouve...ou que tu es une jeune fille bien élevée. Ou qu'il y a encore un coeur qui bat dans cette poitrine."

C'était peut-être cela la mission que lui avait confiée inconsciemment Dieu en l'épargnant du virus. Sven devait peut-être attiser ces petites braises presqu'éteintes qui brillaient faiblement au fond de chaque coeur. Quelqu'un de logique, de clean n'aurait jamais eu ce genre de pensées manichéennes et parfaites déprimantes car irréalisables. Mais pour Sven s'était une nouvelle bouffée d'espoir. L'espoir qu'il allait y avoir des lendemains meilleurs. Pas aujourd'hui. Ni demain. Ni dans un an. Même pas dans 3 ans. Mais le jour viendra où ce rêve de fous se réalisera.

"Tu aurais un peu d'eau dans ta tente? J'ai un peu soif. Merci."

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Lu écoutait Sven parlait avec un certain plaisir, sa voix était agréable et ses mots étaient loin des injures que la jeune femme entendait à longueur de journée.. Une jeune fille bien élevée, Lu Ann plongea dans une profonde torpeur pendant quelques minutes, une série d’images lui revenait à l’esprit par flash, l’image d’un corps inanimé, rongé par le temps, des visages d’hommes sur lesquel Lu n’avait jamais pu mettre de prénoms. Comme pour chasser de nouveau son passé dans l’ombre de son esprit, la Renégat enfonça l’un de ses ongles à travers le bandage de son bras pour atteindre sa chair.
De retour à la réalité, Lu regarda Sven et elle eut un geste étonnant pour la jeune sauvageonne incapable de contact, elle glissa un doigt sous le menton de Sven pour diriger son visage vers le sien, pendant quelques secondes Lu ne fit rien, elle se contentait d’observer les pupilles du jeune homme.

« Ne cherche pas quelque chose chez moi, tu ne trouveras que le néant, il n’y a rien d’ autre .. Les rêveurs comme toi ne devrait pas être chez les Renégats.. »

Lu recula son visage doucement avant de disparaître sans un mot de plus sous sa tente, le charme était rompu, elle ne se laisserait plus aller en présence de Sven même si il ne semblait pas représenter un danger.. Lu mit la main sur une bouteille d’eau au bout de quelques minutes de recherche, la brunette revint près de Sven et la jeta vers lui.

« Tiens »

Les traits du visage de Lu étaient tendus, son naturel parano venait de prendre le dessus, elle se leva d’un coup, incapable de tenir en place plus longtemps.

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Lu sembla perdue pendant quelques secondes dans ses pensées. Tous les survivants avaient leur propre histoire. Des récits peuplés de cadavres. Des vécus aussi différents que possible mais il y avait toujours une terrible fêlure au plus profond d'eux même. Sven ne quitta pas la jeune femme du regard et il ne vit pas qu'elle enfonçait ses ongles dans sa plaie, comme pour se ramener de force dans une réalité qui devait être moins glauque que ces flashes qui l'assaillaient.
Elle se tourna vers liu et glissa son index sous le menton du norvégien, le forçant à redresser la tête. Un contact si bref, si éphémère...mais qui semblait dire bien plus. Lu n'était pas connue pour être quelqu'un de très "tactile". Aussi belle que sauvage elle était souvent seule et avait du mal à supporter un contact avec une autre personne. Sven plissa furtivment les paupières tandis qu'elle lui parlait de nouveau.
Le néant? Non...il était persuadé qu'il trouverait tout sauf du néant chez elle. Il haussa négligemment les épaules tout en écartant doucement la main de la jeune femme.

"Je crois que ça...c'est à moi d'en juger Loup. C'est bizarre mais je vois bien plus que du néant chez toi. Quand à mes rêveries, et bien laisses moi mes espoirs. Si cela doit me blesser ou me détruire, ce sera de sa faute à Lui." Sven leva son regard au ciel comme pour indiquer la présence invisible mais bien réelle d'une puissance supérieure. "Ne me dis pas que je ne devrais ne pas être là. Parmi vous. On m'a donné un rôle à jouer et je ne me défilerais pas."

Entre temps, Lu s'était levée et avait disparu dans sa tente. Les derniers mots de Sven semblèrent flotter dans l'air. Il les répéta du bout des lèvres, comme pour s'en convaincre. Cela ressemblait presque à un mantra. Ces phrases que l'on se répétait inlassablement pour se donner du courage. Lorsqu'elle revint, elle tenait à la main une bouteille d'eau qu'elle lui lança. Pourtant, elle ne resta pas assise bien longtemps. Elle se leva vivement. Sven eut presque l'impression d'entendre le son d'un bris cristallin. Quelque chose venait de se refermer.
Elle ne semblait plus vouloir discuter. Le norvégien frissonna mais pas de froid. Il entoura ses genoux de ses bras, posant son menton dans le creux de son coude, la tête un peu penchée. Sans regarder la jeune femme, il lui posa une simple question.

"Loup...tu crois qu'un jour on arrivera tous à vivre ensemble? Ou bien sommes nous trop mauvais pour cela?"

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Lu ne croyait en rien, pas même en elle, alors accepter l’idée que quelqu’un de plus puissant s’amusé à tirer les ficelles de là haut ? Plutôt admettre l’existence du père noël..
Debout sans trop savoir quoi faire, Lu Ann shoota dans le sable à la recherche d’une réponse à la question de Sven. La jeune femme avait vécu dans Eden pendant quelques temps, ces gens qui l’avaient acceptés du moins elle le pensait avant d’être reconduite en dehors de la ville.. Folle, cinglée, dangereuse le conseil avait rendu sa sentence et bien évidemment elle était sans appel, de toute manière Lu n’aurait pu nier ses accusations qui n’étaient pas totalement fausses..Mais la haine qu’elle portait au reste de l’humanité n’avait cessé de croître..

« Et pourquoi pas être tous libres et égaux ? Sven.. »

Lu humidifia ses lèvres avant de continuer sa phrase.

« Nous ne sommes pas plus mauvais qu’eux nous sommes juste hors de leurs monde, le conseil veut continuer à croire que son utopie est viable mais ils finiront par s’effondrer tôt ou tard.. Mais pour être plus claire, non, nous ne pourrons jamais vivre ensemble, enfin moi je n’y crois pas. »

La jeune femme restait immobile mais ne semblait pas vouloir revenir près de Sven, elle ne posait plus un regard sur lui. Lu se contentait de faire glisser l’une de ses longues mèches brunes entre ses doigts, elle bouillonnait comme un animal en cage mais aucun barreau de retenait la brunette dans ce désert glacial.
Lu Ann finit par croiser ses bras sous sa poitrine pour conserver un peu de chaleur, elle fixa son regard sur l’horizon et frissonna de froid quand une légère brise se leva.

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"Nous sommes si jeunes et déjà si désabusés..."

La voix de Sven était devenu un murmure presqu'inaudible.
Libres et égaux. C'était un vieux rêve humain. Une quête poursuivie depuis que l'homme a commencé à se poser sérieusement des questions. Le norvégien ne pouvait se résoudre à "oublier" cette vieille utopie.
Le ton qu'avait employé Lu était on ne peut plus défaitiste. Elle semblait baisser les bras et se résoudre à être ce que par essence on ne pouvait être. Une créature solitaire. Sven avait connu la solitude la plus extrême. Il avait vécu au milieu des morts, au milieu de nul part. Il était au fond du gouffre mais, lorsqu'il levait les yeux, il y avait toujours une petite lumière qu'il pouvait suivre et chercher à atteindre.
Sven la regarda de nouveau. Elle était restée debout, jouant nerveusement avec une de ses mèches de cheveux. Après avoir donné un vain coup de pied dans le sable, elle ressemblait à une statue. Le visage vide de toute expression. Le regard perdu dans le lointain. Il crut distinguer un léger frisson qui courut le long du dos et des bras de la jeune femme. Il se leva à son tour et posa sa couverture sur les épaules de Lu. Elle allait peut-être la rejetter, furieuse, ou au contraire apprécier le peu de chaleur que le corps amaigri de Sven y avait imprimé. Le jeune homme enfonça ses mains dans ses poches et se dandina légèrement d'un pied sur l'autre.

"En quoi crois tu alors, Loup? Si tu ne peux plus croire en l'humain et par là même en toi?"

Lorsque Sven se sentait vraiment seul, il lui suffisait de jetter un coup d'oeil dehors. Malgré le décor ravagé, il avait toujours l'impression de détecter dans ce dénuement le plus total des signes de la présence d'une puissance supérieure. Que cela soit un simple brin d'herbe vert qui poussait sur un sol désertique, un nuage dont la course inexorable l'effilochait peu à peu. Il était indéniable aux yeux de Sven qu'il y avait, quelque part, au-delà du mur des sens, une chose infiniment puissante mais bonne qui veillait sur eux. Quelque chose qui ne faisait aucune distinction entre les êtres bons ou mauvais, beaux ou laids, sots ou intelligents.

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Lu fit un léger bon de surprise quand elle sentie la couverture recouvrir ses épaules, par réflexe elle eut un mouvement de recul. Le regard perdu de la jeune femme se posa sur Sven pourquoi se montrait il donc aussi gentil ? Lu était habitué à l’hypocrisie, la violence mais pas à la gentillesse, sa parano lui soufflait que ses attentions n’étaient pas gratuite, quand on a vécu à la rue la méfiance est de mise et l’on conserve longtemps cette habitude. Mais Sven était une personne aussi vicieuse ? Le bon sens semblait bien indiquer que non..
Lu conserva donc la couverture sur elle et la question de Sven la fit clairement sourire, elle avait presque l’impression d’être en face d’un enfant mais un enfant pas si naïf qu’il paressait et qui semblait lire en elle plus facilement que la normal.

« Je crois en la liberté parce que c’est la seule chose qui me reste »

Répondit simplement Lu.. La compagnie de Sven lui était agréable mais la fatigue venait à la faire trembler même sous la couverture, ses muscles étaient douloureux, preuve que ses cachets n’étaient plus aussi efficace. Lu passa une main sur son front, cette lutte perpétuelle avec son corps rongeait ses forces mais la jeune femme refusait de reconnaître que gagner ce combat était impossible.. Une vraie tête de mûle comme toujours..
Lu s’agenouilla près de ses affaires, à la recherche d’un de ses bouts de magie en comprimés mais son stock était épuisé malheuresement pour elle.. Il ne restait donc que sa solution de secours, le subutex, Lu hésita une seconde mais la dépendance l’emporta sur la raison..La brunette se releva l’effet ne tarda pas, elle se sentait déjà partir loin et ne montrait plus aucun signe de fatigue ou de douleur. Elle tendit la couverture à Sven, complètement défoncé elle n’en avait plus besoin, Lu aurait été capable de se jeter dans un lac gelé si l’envie lui en prenait.

« Comment fais tu pour trouver une famille ici ? Je dois être plus étrange que je ne le croyais.. Ou bien alors c’est toi qui bizarre peut être »

Lu Ann conservait un sourire étrange comme figeait sur son visage il n’était animé d’aucune émotion..

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"La liberté? Finalement, tu n'es pas si différente de moi. Toi aussi tu recherches des chimères qui ont fait battre le coeur des hommes depuis l'aube de l'humanité."

On devait toujours rendre des comptes. Tôt ou tard, on s'apercevait que chacun de nos gestes avait des conséquences. Ces dernières n'étaient pas toujours immédiates, ni très remarquables. Mais elles étaient là. Indéniablement.
La liberté. Ce simple mot semblait claquer dans le vent comme un oriflamme, une bannière érigée par des centaines de personnes. Etre parmi les renégats offrait une certaine liberté, mais il y avait la présence de leur "chef", la tête pensante de ce groupe disparate de vies perdues, qui après des mois d'errance avaient trouvé un certain réconfort chez lui. L'être humain n'était pas fait pour vivre seul. On existait qu'à partir du moment où quelqu'un vous remarquait. Seul, on n'est rien.
Lu retourna quelques instants aux abords de sa tente à la recherche de ces petites pilules qui lui faisaient oublier beaucoup de choses qui se bousculaient et se cognaient dans sa tête. Un sourire triste étira les fines lèvres de Sven. Elle n'était pas aussi libre qu'elle le prétendait. Elle se releva et revint près de lui. Enfin, disons plutôt qu'elle resta à distance respectable. Même si cela le chagrinait, le norvégien respecta cette petite frontière qu'il y avait. Il ne voulait pas mettre les gens mal à l'aise. Lu lui posa une question et énuméra quelques petites remarques. Un léger rire cristallin s'échappa de la gorge de Sven.

"Je n'ai pas eu de famille à proprement parler. Alors ce groupe, ces gens..." Il embrassa le camp d'un ample geste de la main. "...sont ce qui se rapproche le plus, à mes yeux, d'une famille. Ce n'est pas être bizarre que de ne pas aimer la solitude. Parfois elle est bénéfique et t'apaise. Parfois elle se fait pesante, lourde."

Sven se laissa tomber au sol, s'asseyant en tailleur. La position debout devenait difficile à garder. Il avait la tête qui tournait. Le deuxième effet Kisscool de la cocaïne. Il se passa nerveusement une main tremblante dans les cheveux, les ébouriffant légèrement, avant de ficher son pouce entre ses dents et de commencer à malmener son ongle. Lentement, il commença à se balancer d'avant en arrière.

"Je ne veux plus être tout seul..."

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Sven et Lu avaient semblait il un passé familial tumultueux mais ils avaient réagis de manière totalement opposée. Lu n’avait pas vécu la mort de sa mère comme une enfant de 10 ans, elle n’avait pas versé la moindre larme, elle n’avait pas fait son deuil le pire étant que Lu Ann n’en ressentait pas le besoin.. Lu était devenu solitaire à l’extrême, la compagnie de l’humain la dérangé et elle la fuyait comme la peste alors que faisait elle ce soir près de Sven ?
A croire que même l’animal le plus sauvage a besoin de se rassurer parfois..

« C’est une chance de penser ainsi .. Enfin peut être.. A force d’être en confiance, la trahison guette tôt ou tard »

Lu observa cet étrange phénomène qu’était Sven, il riait.. Depuis combien de temps la jeune femme n’avait pas elle pas fait preuve du moindre signe de joie ?
Elle hésita un instant à s’asseoir mais de légers tremblement ne tardèrent pas à faire trembler les fines jambes de la Renégat. Lu s’affaissa sur le sol plus qu’elle ne s’y installa volontairement, elle était fatigué, non pas physiquement mais usé par ce mélange de désespoir et de haine qui grondait dans son esprit, multiplié par les effets de ses cachets..

« Il y a pourtant moins de risques à vivre seul que entouré de d’humains »

Lu s’allongea sur le côté en face de Sven qui se balançait doucement, la jeune femme préférait jouer avec le sable qui glissé entre ses doigts. Ce soir Lu Ann n’arrivait pas à chasser ses spasmes et pourtant ses doses de médicament étaient plus que dépassées. Pendant quelques secondes, elle chercha la force de se relever pour disparaître au fond du désert le temps que cette crise passe mais non seulement elle n’en avait pas la force, mais elle n’avait pas envie de laisser Sven seul.
Lu se contenta de mordre ses lèvres au rythme de tremblements, un filet de sang de tarda pas à naître au coin de sa bouche mais elle ne semblait pas y prêter attention.

« Les gens pensent que c’est le virus qui a détruit le monde mais il n’a été qu’un accelerateur pour les humains..Les humains sont des créatures médiocres, nous n’arriverons jamais à construire ce rêve dans lequel Eden s’enferme..»

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Les balancements de Sven cessèrent lorsque Lu s'installa allongée, face à lui. Il releva les yeux, le regard semblant perdu dans un lointain que lui seul pouvait voir. Les mots que la jeune femme avait prononcé semblaient parvenir à ses oreilles avec un léger décalage. Nerveusement, il se passa la main sur le front avant de la reposer doucement sur un de ses genoux. Il plissa légèrement les paupières.

"La trahison? Je pars du principe que tout le monde est digne de confiance. On ne m'a pas encore planté de couteau dans le dos ou racketté. C'est une forme de preuve, non?"

On évitait surtout de s'en prendre à Sven à cause de Marshall. Ce dernier était aussi craint que respecté. Violent et sans état d'âme, il faisait preuve d'une cruauté sans borne. Personne ne comprenait pourquoi cet homme en apparence sans coeur avait pris Sven et sa simplicité naïve sous son aile.
Le jeune homme se concentra sur les paroles de LU, essayant avec sa logique d'utopiste de comprendre les notions qu'elle soulevait. Il ne voyait aucun avantage à être vraiment seul. Sven aimait les moments de solitude parce qu'il les choisissait ces moments et qu'il savait qu'il appartenait à un groupe. Il n'avait rien vécu de plus angoissant ques ces journées à arpenter des rues désertes, à se demander si on était le dernier survivant, à se demander si on entendra de nouveau une autre voix humaine.
Lorsque Lu aborda le sujet du virus, Sven tourna la tête dans sa direction. Il remarqua qu'elle s'était mordue la joue de façon assez forte pour faire couler du sang. Il approcha doucement la main du visage de Lu et de la marque rouge et l'essuya vivement.

"A coeur vaillant rien d'impossible. Notre histoire, où le peu que j'en sais, est composée des rêves de doux dingues comme moi." Il lâcha le menton de Lu, sortit un bout d'étoffe de sa poche et l'imbiba d'eau. Il le tendit à la jeune femme. "Et tu n'es pas mauvaise non plus. Je sais quels sont les visages de la médiocrité et de la malfaisance. Et..." Il secoua lentement la tête. "Elles n'ont pas tes jolis traits."

Il lui adressa un sourire désarmant de candeur. Sven éloigna une des mèches brunes qui barrait le visage de Lu et se leva, époussetant ses genoux. Il se pencha vers elle et sortit de sa trousse un petit sachet de poudre blanche qu'il jetta devant elle.

"C'est peut-être pas aussi rapides que tes médocs, mais tu dormiras tranquille ce soir." Il éleva sa main jusqu'à ses lèvres, y déposa un baiser et posa le bout de ses doigts sur le front de la jeune femme. "Fais d'aussi jolis rêves que moi cette nuit, Loup. Gardes la couverture, j'en ai piqué d'autres à Marshall." Puis il tourna les talons et se dirigea vers sa propre tente.

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Une bonne paire de claques aurait eut le même effet que cette conversation avec Sven sur la jeune femme. Elle restait figée, les lèvres légèrement entrouvertes comme si elle cherchait à émettre un son malheureusement muet. Lu observa Sven s’éloigner vers sa tente et c’est seulement quand il lui sembla assez éloigné qu’elle murmura un bref.

« Merci »

La main tremblante, de Lu s’empressa de saisir le présent qui lui était offert. Mais maintenant en plus de se sentir redevable Lu Ann venait de faire voler en éclats ses limites et son espace vital, un peu plus et elle aurait pu passer pour quelqu’un de sociable.
Lu s’enroula dans la couverture avant de se laisser glisser sur le sol, elle n’avait pas envie de s’enfermer dans sa tente, et il n’y avait rien de comparable à une nuit à la belle étoile dans le désert…La jeune femme tripotait nerveusement le sachet de poudre blanche, finalement d’un geste qui semblait rôdé par les années, Lu déposa un peu de poudre sur un éclat de miroir, une fois ses traces dessinaient elle aspira rapidement le tout.
Les yeux fixés sur le ciel, Lu ne pensait plus à rien, voilà ce qu’elle cherchait en permanence, la liberté, plutôt le vide..