{ Est-ce que tout s'échange vraiment ?

Journée chaude et légèrement trop sèche, le soleil tape fort sur Eden et ce doit être pire dans le désert, en cet instant je pense à mon frère qui vit là-bas, pourvus qu'il se protège bien. Une mère-poule ? Peut être peu mais il faut bien la remplacer maintenant qu'elle n'est plus là. En ce début d'après midi je me dirige vers "Le Troc", je n'ai pas grand chose à échanger mais on arrive toujours à obtenir ce que l'on veut en y mettant les formes ou en jouant de ses formes.
J'arrive donc avec une montre à gousset en poche et surtout un décolleté plongeant, je n'aime pas vraiment agir de cette façon mais quand on a rien, on a rien à perdre. Un homme beaucoup plus vieux que moi, ça va sans dire, échange un vase avec une pile de livre qu'un enfant est venu lui apporter, pas un sourire sur le visage de l'homme et le petit garçon semble effrayé, tout ce qu'il veut ce sont des livres, de simples livres qu'il n'a pas eu la chance d'hériter de sa famille. Cet enfant ne dois pas avoir plus de 8 ans, ses parents n'ont donc pas succombé à l'épidémie alors pourquoi l'envoient-ils ? Une révolte explose en moi, je voudrais hurler, trouver les parents de cet enfant et leur faire comprendre que ce n'est pas une façon de faire, qu'ils devraient protéger leur enfant plutôt que de l'envoyer faire du troc dans un bouiboui qui n'inspire pas confiance même au plus coriace des mercenaires.
A peine les livres dans les mains, l'enfant s'enfuie en courant et me bouscule, je laisse échapper un léger "oh!" sous le coup de l'épaule de l'enfant dans mes côtes. Je me soutiens les côtes un instant, une légère douleur s'estompe rapidement, je regarde autour de moi, tout un tas de choses est empilé un peu partout, mais je viens pour un objet bien particulier.

Ce fut ce que je dis au troqueur, car en effet je venais récupérer la montre à gousset de mon père qui l'avait hérité de son père et lui même de son père et cela depuis plusieurs générations, je voulais donner cette monstre à mon frère qui l'avait échanger contre des médicaments lorsque j'étais malade car malgré l'argent que nous possédions les pharmacies étaient pillées et il était donc difficile de trouver les médicaments adéquats. Cela faisait plusieurs années mais le troqueur avait promis de garder la montre. Je posais la montre à gousset que j'avais trouvé sur le comptoir malheureusement elle avait été brisée lors de ma brutale rencontre avec l'enfant. Le troqueur posa donc la montre de mon père sur son comptoir et me répondit : " montre cassée pour montre cassée " . Il attrapa donc un lourd marteau et le leva au dessus de la montre de mon père. Un cri me sortit donc du fond du coeur.

L'homme s'était arrêté dans son élan, il avait levé un œil vers moi pour voir ce que je lui proposerai de plus. Malheureusement je n'avais rien de plus à échanger, je regardait l'homme puis la montre, je ne pouvait pas la perdre maintenant qu'elle se trouvait en face de moi. Peut être qu'en étant assez rapide j'arriverai à récupérer la montre et à m'enfuir mais c'était un pari risqué. La tension était si intense que j'oubliai tout ce qui nous entourait. Je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir ni la cloche tinter et je crois que le troqueur n'avait pas remarqué non plus. J'eus donc un pas de recul lorsque je vis un bras poser une autre montre sur le comptoir. J'ai donc le ver la tête vers celui qui avait lancé Deux montres pour une, ça devrait se monnayer non ? Alors j'ai reconnu Tom, pourquoi avait-il donné sa montre ? Si il l'avait emmenée jusque là c'était pour avoir quelque chose en échange alors pourquoi la proposer contre la montre de mon père ?
Le troqueur hésite puis finalement il accepte et disparait dans son arrière boutique, j'hésite à reprendre la montre, je ne sais pas pourquoi mais j'ai comme l'impression que je vais pleurer, je prends une profonde inspiration et je garde le regard fixé sur cette montre qui me rappelle tant de souvenirs, heureux ou malheureux d'ailleurs mais je vois encore le sourire de mon père lorsqu'il nous racontait comment son père lui avait offert et qu'un jour elle serait à Nick. Je pose ma main sur la montre puis la sert contre moi sans la mettre dans ma poche et je souris à Tom qui verrai peut être une larme perler aux coin de mes yeux.

Mes mots s'alignent sans que je ne prenne le temps de respirer, je me sens redevable face à lui et jamais il ne saura à quel point. Je suis prête à tout pour le remercier, je dois bien avoir quelque chose dont il a besoin ou qu'il veut avoir.