new day, new world, feeling good [mon épouse^^]

Il y a des jours comme ça où le monde a l’air de bien tourner. Tout a l’air simple. Evan n’avait pas eu souvent l’occasion de ressentir ça depuis le début de l’épidémie. Il y avait eu quelques moments de joie depuis sa rencontre avec Abigail mais sinon c’était pas vraiment le paradis. Heureusement, il était d’une bonne nature et refusait obstinément de se laisser abattre. Il s’efforçait de tout prendre avec humour, de sourire à tout ce qui se présentait. Il restait toujours optimiste même quand la situation était désespérée. Après tout sans ce chaos, il n’aurait jamais rencontré la femme de sa vie et aujourd’hui il ne s’apprêterait pas à devenir le père de son enfant. Non, il se devait de prendre les choses du bon côté et de dire merci à la vie pour lui avoir offert une raison de connaître l’espoir et le bonheur.

Mais il y avait des jours où sa vie quotidienne l’aidait. Aujourd’hui par exemple, il n’avait pas eu à se battre contre des gamins qui voulaient le retour à la délinquance. Il ne pouvait pas leur en vouloir, ils n’avaient connu que ça ! Mais bon, il n’en voulait pas dans le monde où son fils (et peut-être d’autres enfants) allait grandir. Pour la première fois depuis longtemps, il n’avait pas eu à ramener l’ordre. Peut-être que tout doucement, les gens étaient en train d’accepter l’idée de vivre dans une sorte de paradis sur Terre. Peut-être qu’enfin le chaos pourrait cesser à Eden et s’il avait cessé ici, il y avait de l’espoir pour le reste du monde. Evan se souvenait que trop bien de cette période sombre qui, à ses yeux, devait devenir une honte pour l’humanité. Il attendait avec impatience que la civilisation renaisse et aujourd’hui, il était sûr d’avoir assister aux prémices. Il n’était pas naïf. Il y aurait d’autres tentatives demain, mais si les gens pouvaient se passer de violence durant une journée, alors il pouvait de nouveau avoir foi en l’avenir.

Heureux de ses projets d’avenir, il s’apprêtait à rentrer chez lui et à partager sa joie avec la femme qu’il aimait. Ils allaient fêter tout ça dignement. Il pourrait enfin la rassurer quant au devenir de leur enfant. Il était passé chercher des biscuits qui ressemblaient vaguement aux friandises de ses souvenirs et, tout joyeux, il poussa la porte.

- Je suis rentré !

Une mauvaise journée s'annonçait pour Abi. A peine avait elle mit le pied hors du lit qu'elle avait eu le sentiment que rien ne se passerait comme elle le souhaiterait. Premièrement , elle n'avait pas entendu Evan partir , ce qui l'agaça car elle savait qu'elle ne le verrait plus de la journée. Deuxièmement , le bébé ne cessait de donner des coups de pieds ce qui d'un côté la rassurait , ça voulait dire qu'il allait bien mais d'un autre côté ça l'agaçait fortement et ça faisait mal. Foutus hormones !! Abi était à fleur de peau. Un rien la faisait craquer.
Pensant que son petit déjeuner la détendrait , elle s'était aventurée dans la cuisine , avait prit son café , mais en avait renversé la moitié par terre. Elle put boire le reste mais se brûla la langue.
Une longue journée s'annonçait. Décidée à rendre cette maison plus accueillante , elle décida de faire le ménage , ou plutôt ses hormones la forçaient à s'occuper l'esprit. Abi passa donc la matinée en chemise de nuit à faire le ménage dans toute les pièces de la baraque et s'arrêta devant une photo d'elle et d'Evan. Elle devait dater de leur rencontre , parce qu'elle avait encore les cheveux courts sur cette photo. Un sourire nostalgique apparut sur son visage et elle reposa le souvenir avant d'aller se doucher. Mais bébé avait décidé d'être fatiguant et il ne cessait de s'agiter forçant Abi à se plier. La jeune femme réussit quand même à prendre une douche et une fois habillé elle s'aventura dehors.

L'air était assez agréable , et la jeune femme put se balader tranquillement , rencontrant parfois des couples et leur bébé dans une poussette. Dans ces moments là , Abi s'arrêtait et posée ses mains sur son ventre rebondi , un air d'impatience sur le visage. Oui , elle avait hâte de voir ce bout de chou pointé le bout de son nez , mais d'un autre côté , elle avait peur qu'il sorte , qu'il respire l'air de ce monde cruel. Elle voulait que son enfant grandisse dans un endroit calme et sans danger. Un monde merveilleux. La tête dans la lune , Abi continua sa balade avant de s'arrêter dans un magasin pour enfant. Elle s'extasia comme une gamine devant les vêtements et les petits chaussettes. La jeune femme avait l'impression d'être dans un monde magique.
Au bout de trois heures qu'elle était dehors , elle retourna dans la baraque , vide. Evan n'était pas rentré.

Abigail se dirigea vers la petite chambre , censé accueillir l'enfant. Avec Evan ils avaient prévu de la peindre en bleu , pour l'arriver de leur fils , mais les murs étaient toujours blanc. Décidée à s'occuper , elle enfila une salopette large et attacha ses cheveux avant de s'armer du rouleau et d'ouvrir la peinture pour commencer à peindre les murs.
Il lui fallut deux heures et plusieurs verres d'eau pour finir de peindre un mur et demi. Abi se plaça dans l'encadrement de la porte et observa son travail.

"Tu vois bébé , ça c'est pour toi ... Si tu es comme moi tu dois être impatient de voir cette chambre. Hein bébé ..."

La jeune femme , laissa couler des larmes sur ses joues. Pourquoi ? Juste à cause des hormones et de la fatigue. Abi soupira et s'installa sur le canapé dans le salon , un livre dans les mains et se mit à lire.
Elle dû lire longtemps puisqu'elle n'entendit pas la porte d'entrée se refermer. Abi finit quand même par entendre la voix d'Evan. Elle sourit et pencha la tête pour qu'il la voit.

"Coucou !!"

La journée avait été parfaite, maintenant la soirée s’annonçait mieux que jamais. Voir Abigail lui faisait toujours cet effet-là. Quand il lui devenait trop dur de faire la part des choses et de plaisanter, il pensait à sa princesse et à son petit ange en train de pousser en elle. Il y pensait de toutes ses forces et il avait l’impression de le rejoindre à l’intérieur du ventre d’Abigail et de le voir prendre vie petit à petit.

Evan s’arrêta un moment pour observer les amours de sa vie, blottis dans le canapé. Seul le front et les yeux d’Abigail dépassait de derrière son livre. Et le bout de ses doigts qui le tenaient bien sûr. Son ventre qui commençait à être bien rebondi trônait au centre du canapé. Ils étaient là, le monde était devenu un chaos, la ville représentait un espoir mais son baraquement était un lieu d’amour et de paix dont il ne se lassait pas. Il quitta l’encadrement de la porte pour aller embrasser ce joli petit front.

Bonjour !

Elle portait des vêtements de travail et sentait la peinture fraîche. Elle avait dû travailler dans la chambre du petit fruit. Evan prit les mains de sa femme dans les siennes.

Ça va, il a été sage ?

Evan se sentait des élans de tendresse ce soir. Il essayait de se modérer, il ne voulait pas bousculer le bébé. Il lui offrit les biscuits histoire de passer à autre chose dans sa tête.

Bon alors, ce soir c’est fête !

Abigail allait sûrement se demander ce qui lui prenait mais peu importe.

Je m’occupe de ma princesse, je te fais à manger, je te gâte et puis…

*Calme-toi Evan, ton fils ne doit pas être traumatisé dès la naissance !*

Il était au supplice.

Et puis…ben on fera absolument ce que tu veux !

C’était plein de sous-entendus mais qu’à cela ne tienne, Abigail savait qu’il ne ferait rien qui la brusque ou qui la mette mal à l’aise. C’était sa soirée, parce qu’aujourd’hui il avait entrevu pour la première fois depuis cette saloperie de virus, un monde en paix et qu’Abigail portait l’un des premiers hommes sortit de toute cette horreur, qui ne connaîtrait pas le chaos. Alors il voulait lui rendre cet hommage.